Sous-titré Comment Internet nous espionne. Comment résister, Menace sur nos libertés est une discussion ouverte sur les thèmes de l'espionnage tout azimuts de tout un chacun lorsqu'il utilise internet, mais aussi son téléphone portable ou sa carte de crédit. Ses participants sont Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks qui œuvre pour la mise au jour des documents secrets d'états ou de sociétés, Andy Müller-Maguhn, l'un des porte-parole du Chaos Computer Club de Berlin, Jacob Appelbaum, qui travaille sur le projet Tor qui permet de surfer de façon anonyme sur la toile, et enfin Jérémie Zimmermann, co-fondateur de La Quadrature du Net qui défend principalement l'accès à un Internet libre et ouvert.
Si tu fabriques un système qui enregistre tout sur quelqu’un et si tu sais que tu vis dans un pays dont les lois vont te forcer à tout balancer, alors peut-être que tu ferais bien de ne pas fabriquer ce genre de système. C’est toute la différence entre la confidentialité par la réglementationet la confidentialité par la conception quand on veut créer un système sécurisé. Quand tu cherches à cibler des individus et que tu sais que tu vis dans un pays qui cible explicitement les gens – ou si Facebook installait ses serveurs chez Kadhafi ou chez Assad –, c’est franchement négligent. […] Alors, conscientes de cette réalité, ces entreprises ont une réelle responsabilité éthique dans le fait qu’elles fabriquent ces systèmes et qu’elles on fait le choix économique fondamental de balancer leurs clients. Et ce n’est même pas unequestion technique. Ça n’a rien à voir avec la technologie, ce n’est qu’une question d’économie. Elles ont considéré qu’il était plus important de collaborer avec l’État, de balancer leurs utilisateurs, de porter atteinte à leur vie privée et de participer au système de contrôle&nbsbp;– de trouver des avantages à participer à une culture de la surveillance, de participer à une culture du contrôle&nbsbp;– que d’y résister, alors elles s’y sont ralliées. Elles sont complices et responsables.Discussion ouverte passionnante pour celles et ceux qui veulent lever un peu le voile sur le monde qui nous entoure, celui des services secrets qui espionnent à une échelle encore jamais égalée tou-te-s les citoyen-ne-s lambda du monde, comme l'ont prouvées récemment les révélations sur Prism ou encore l'implication d'une société française en Lybie, ce livre parle des libertés qui nous semblent évidentes mais qui déjà nous ont été retirées, comme celle de communiquer librement et sans surveillance, de la cryptographie comme seule possibilité d'anonymat, ou de la réécriture très orwellienne du passé en temps réel par les journaux en ligne qui suppriment des articles de leurs sites. On y (re)découvre aussi quelques informations sur la censure de WikiLeaks dans une introduction qui pourrait faire l'objet d'un livre à part entière tant les procédés utilisés sont symptomatiques d'une dystopie où les peines sont infligées sans jury par des acteurs qui outrepassent leur rôle et leurs fonctions (censure par les FAI, blocus bancaire, harcèlement, saisie sans mandat…).
Menace sur nos libertés (éditions Robert Laffont, 2013, 246 pages), traduit de l'anglais par Abel Gerschenfeld et Anatole Muchnik (titre original : Cypherpunks: Freedom and the Future of the Internet).
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